Plus d’informations sur “Les Esprits de la steppe – Avec les derniers chamanes de Mongolie“
Tout en évoquant l’enfance d’Enkhetuya, née en 1957 en pleine taïga, son dur apprentissage de chamane dans une République populaire qui en interdit la pratique, ce récit passionnant retrace l’histoire d’un peuple de nomades qui a vécu comme à l’aube de l’humanité pour basculer il y a peu dans l’ère du marché planétaire. Corine Sombrun appartient à cette lignée rare d’écrivains qui placent l’esprit humain et ses facultés largement inexploitées au cœur de leur recherche, poursuit ici une quête initiée avec le Journal d’une apprentie chamane et Sur les pas de Geronimo.
Extrait du livre
Ce «peuple des rennes», originaire de la région de Touva en Sibérie et dont l’habitation est le tipi, a perpétué jusqu’au milieu du XXe siècle un mode de vie nomade remontant à l’âge du bronze. Sédentarisé en 1957 par le gouvernement de la République populaire mongole, il a été regroupé sur le site de Tsagaannuur, à la frontière nord-ouest de la Mongolie. Leurs rennes sont devenus la propriété de l’État et des quotas de productivité ont été imposés. En quelques années, les troupeaux, confinés dans des fermes, ont été décimés par les maladies. La plupart des Tsaatans ont dû renoncer à l’élevage et ont sombré dans l’alcoolisme. Face à ce constat, le gouvernement les a de nouveau autorisés à nomadiser dans la taïga. À la seule condition que leurs bêtes soient numérotées et les quotas d’élevage maintenus.
En 1992, après l’adoption d’une nouvelle Constitution et le retrait des troupes de l’ancienne Union soviétique de Mongolie, les rennes ont été restitués aux Tsaatans.
Enkhetuya vivait sur la rive ouest du lac Khovsgol, à cent quatre-vingt-quinze kilomètres au sud-ouest du lac Baïkal, quand je l’ai rencontrée en 2001. Les Tsaatans ne comptaient plus alors qu’une trentaine de familles, réparties de part et d’autre de la rivière Shishged. Une population et une culture en voie de disparition, m’avait-on dit. Mais j’étais loin d’imaginer qu’en seulement dix ans, j’allais être le témoin d’un effacement bien plus rapide que celui annoncé par les prévisions les plus pessimistes.
Avant que ce peuple des rennes ne disparaisse à jamais, il m’a donc semblé important de transmettre son quotidien, ses traditions et leur transformation. Conséquence d’une mondialisation qui allait bouleverser la mémoire et l’équilibre d’un mode de vie ancestral.”CS
Revue de presse
Il faut bien l’avouer, les récits sur le chamanisme ressemblent souvent à un bric-à-brac un peu fumeux. Ici, ils prennent un tour poétique, en prise directe sur l’immensité de la steppe, le froid de l’hiver, les hurlements des loups. Corine Sombrun elle-même sera initiée.” (Jérôme Dupuis – L’Express, octobre 2012 )
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.